Les épuiser d’abord. Les priver de sommeil ensuite. Leur faire apprendre une chanson en un quart d’heure dans une ambiance de marché aux bestiaux et enfin leur faire attendre le verdict, j’allais dire la sentence, pendant des heures, si possible confinés dans une pièce. Et filmer. Jusqu’à ce qu’ils craquent. Et quand cela arrive, cadrer serré, zoomer, zoomer encore et encore. Puis, au montage de l’émission, faire passer cela pour de l’émotion, quand il ne s’agit la plupart du temps que de l’épuisement. Pour accentuer le côté dramatique du tout, employer dans le commentaire un champ lexical pompeux, avec des mots comme "titre suprême" ou "destin". Telles sont les scories d’une émission qui ne croit pas en sa propre mécanique, en ses propres personnages. Il n’y aurait pourtant pas eu besoin d’en rajouter. Le casting ayant sans doute été bien fait, tout un tas de petits suspenses s’étaient mis en place. Joseph, la beat box, sait-il chanter ? Et va-t-il le faire ? Les deux soeurs, Assia et Monia, vont-elles être séparées ? Shelmy la rappeuse va-t-elle mettre le feu ? Les "beaux gosses" Soma, Tigane ou Jean d’Ormesson feront-ils oublier Gaël le jardinier ? Le candidat officiel de Dialh Vincent a-t-il toujours le groove ? Qui est le coiffeur de Sarah Sanders ? Michel et Julie vaincront-ils l’homophobie dans le monde ? Cannelle a-t-elle remarqué l’émotion d’André Manoukian ? Quentin larguera-t-il son boyfriend en rentrant ? Gaël est-il le Patrick Sébastien du XXIè siècle ? Ils étaient 140 au début de l’émission, il en reste 40 lorsque celle-ci se conclut. La semaine prochaine ? On sélectionnera celles et ceux qui feront le gros de l’émission au fameux Pavillon Baltard. On nous prédit des effondrements, des révélations, des vraies larmes de Marianne James. Avec de tels ressorts dramatiques, dignes d’un scénario de série télé, pourquoi venir tout gâcher avec de la merde de télé-réalité ?