C’est l’une des trois ou quatre prétendantes au titre de « Meilleure série de tous les temps », avec Six Feet Under, The Wire ou Battlestar Galactica.

Le visionnage des 6 saisons confirme la place des Sopranos dans le carré de tête.  La série dépeint la vie de Tony Soprano, chef d’une famille mafieuse du New Jersey, « alpha male » italo-américain brutal et enclin à la dépression .  On fait sa connaissance au moment où le boss de la famille, le bien-aimé Jackie Aprile, est obligé de se retirer. Tony, l’un de ses capos, est alors en mesure de devenir le boss. A ses côtés, sa femme Carmela, ses deux enfants, sa psy, et bien sûr tous ses sbires et ses concurrents (au premier rangs desquels le formidable Oncle Junior).

Dans le premier rôle, James Gandolfini est étincelant de bout en bout. Son regard, notamment est d’une expressivité incroyable. Le personnage est complexe: cruel dans ses rapports avec sa sœur, émouvant lorsqu’il s’inquiète de voir son fils devenir comme lui, macho jusqu’au bout des doigts dans sa gestion de la « famille ». Gandolfini excelle à représenter chacune de ses facettes. Dans le rôle de Carmela, Edie Falco, qui depuis a sa propre série (Nurse Jackie), enchaîne les morceaux de bravoures, comme ce moment mémorable où elle met Tony, qui l’a trompée une fois de trop, à la porte ( fin la quatrième saison).

Du côté des seconds rôles, on retiendra les performances de la psy Lorraine Braco qui tente tant bien que mal de garder ses distances avec un chef mafieux pas toujours très délicat ou celle de Tony Sirico, lui-même ancien mafieux devenu comédien, en Paulie Gualtieri, second couteau coquet et truculent de la famille.

Après un pilote brillantissime (cf. l’histoire des canards), la série se regarde presque comme une comédie. Peu à peu, le ton se fait plus sombre. Jusqu’au point de bascule, dans la cinquième saison, avec l’exécution de l’un des personnages les plus attachants (j’essaie de ne pas spoiler) où Tony Soprano finit par apparaître tel qu’il est: un monstre froid et calculateur. Avec ses côtés attachants certes, mais un monstre malgré tout.

Les bons moments sont trop nombreux pour être cités, mais après le pilote, l’épisode où Paulie et Christopher se retrouvent perdus dans la neige, après une « collecte » qui a mal tourné, est l’un de mes épisodes préférés. Le finale se montre à la hauteur du reste de la série: il est d’une rare intelligence. Si comme moi vous étiez passé à côté de la série à l’époque de sa diffusion, courez rattraper votre retard. Cela en vaut la peine. Promis.