Cohen
Peyroux
Lançons nous dans l’exercice le plus inutile et donc le plus indispensable de la critique artistique : la comparaison entre l’original et la copie, ou la reprise, pour employer le terme musical. C’est Leonard Cohen qui va essuyer les plâtres de I’ll cover you, cette nouvelle rubrique de Folk Furieuse. J’aurais pu choisir Hallelujah, sa chanson sans doute la plus reprise – et pas que par des casserolles, mais cela aurait un poil trop facile. Voici donc l’originale d’une autre chanson incroyable, Dance me to the end of love, et sa reprise par la singulière Madeleine Peyroux. Comme souvent, les paroles de Cohen sont de toute beauté. Il suffit d’écouter les vers : "Dance me to your beauty with a burning violin" ou "Touch me with your naked hand or touch me with your glove / Dance me to the end of love". Le problème avec Leonard, c’est qu’à partir des années 80, les arrangements de ses chansons sont vraiment pourris. Ecoutez donc la pitoyable boîte à rythme sur la version originale ci-dessous. Autre défaut du monsieur, il a tendance à abuser des backing vocals féminins. Cela peut donner des choses magnifiques, je pense à Famous Blue Raincoat ou à Hallelujah, mais sur Dance me to end of love, les lala du début sont un peu too much, de mon point de vue. 

La version de Madeleine Peyroux se passe presque de commentaire. Arrangements jazzy, voix incroyable, on a parfois l’impression d’entendre Ella Fitzgerald, mâtinée d’une jeune Billie Holliday, reprendre du Leonard Cohen. Il y a plus désagréable.

La version de Cohen, tirée de Various Positions, 1984

Celle de Madeleine Peyroux, sur Careless Love, 2004