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La superbe production de The Sound of Music avait été unanimement saluée. Celle de Carousel, sans doute LE chef d’œuvre de Rodgers & Hammerstein (et sans aucun doute, la plus belle partition de Rodgers) était donc très attendue. Pas de déception. Comme d’habitude le Châtelet a mis les petits plats dans les grands. Décors, distribution, mise en scène, orchestre pléthorique (pour une production de comédie musicale): tout était d’un très haut niveau. Quel plaisir d’entendre des joyaux comme la Carousel Waltz, If I loved you, You’ll never walk alone ou When I marry Mister Snow dans un si bel écrin!

Finalement, mon seul problème avec Carousel est toujours le même: le livret. Et particulièrement le personnage principal féminin, Julie Jordan. On nous la présente tout d’abord comme une jeune fille espiègle (« you’re a queer one Julie Jordan »), mais elle devient rapidement une jeune femme battue, totalement inféodée à son bateleur de mari, Billy Bigelow et perd toute aspérité. Le plus gênant reste à mon sens les quelques phrases vers la fin de l’oeuvre, où Julie explique à sa fille que l’on peut recevoir un coup et ne rien ressentir, bien au contraire.  Une belle excuse pour la violence domestique.

Pendant une interview qui n’a pas été diffusée, faute de temps, j’en ai parlé à la metteure en scène Jo Davies. Elle m’a confié avoir beaucoup réfléchi à cet aspect de Carousel. En tant que féministe il lui serait impossible de faire l’apologie de la violence domestique. Elle m’a rappelé que dans le livret, il n’est jamais fait mention que d’un seul coup. Et elle préfère voir dans l’attitude de Julie l’expression d’un amour, certes un peu aveugle, mais d’un amour malgré tout, qui pardonne toutes les erreurs de son mari, qu’elle sait complètement perdu. J’ai entendu cette explication, mais je crois que cette scène entre Julie et sa fille me gâchera toujours une partie du plaisir que j’éprouve à voir Carousel.

Ci-dessous, quelques images de Yagg: