Mitchellshine
Merde, she did it again. C’est peu dire qu’on attendait avec impatience ce nouvel album de Joni. Elle qui avait qualifié l’industrie du disque de "cloaque" et qui avait juré qu’on ne l’y reprendrait plus, a finalement rendu les armes, parce qu’elle avait, estimait-elle des choses à dire. Malheureusement, l’auteure-compositrice est retombée dans ses vieux travers, à savoir les arrangements pourris et les textes "engagés" qui fleurent bon la naphtaline. Commençons par faire un sort aux premiers. Peut-on enlever à Roberta Joan Anderson, plus connue sous le nom de Joni Mitchell, une bonne fois pour toutes les boîtes à rythme, synthés, saxophones et autres clarinette ? Car, tout comme ils gâchent l’écoute de tous ses disques depuis les années 80 (à l’exception de Both Sides Now et Travelogue, mais les deux sont des disques de reprises – celles des autres et les siennes), ils rendent l’écoute de Shine particulièrement difficile. Il faut donc forcer pour se rendre compte que ce premier véritable album depuis Taming the tiger (1998) contient quelques belles chansons à l’image de If I had a heart, Bad dreams ou Shine. La voix est abîmée, bien sûr mais elle n’en est que plus émouvante… à l’exception notable de sa version "2007" de son grand hit Big Yellow Taxi (qui figure sur Ladies of the canyon, paru en… 1970). Certes ses reprises actualisées de Both Sides Now et A Case of You étaient magnifiques, mais on ne peut pas gagner à tous les coups…
Ensuite, il y a les textes. Guères beaux quand ils restent assez abstraits (Night of the Iguana) – alors qu’une chanson comme Amelia, sur Hejira était fabuleuse -, ils ruinent carrément des chansons comme Shine ou If I had a heart.
Au final, on ne peut sans doute pas parler de mauvais disque pour Shine. Mais il est étrange de constater que les disques que Joni a sortis jusqu’au milieu des années 70 restent toujours aussi modernes, quand ceux produits à partir de cette époque là semblent terriblement datés, même au moment de leur sortie. Elle est une artiste bien plus captivante quand elle s’intéresse à l’homme plutôt qu’à la planète et qu’à l’économie, et quand elle se contente d’une simple guitare ou d’un piano. Mais c’est peut-être parce qu’on lui a trop répété qu’elle continue à faire comme elle l’entend et tant mieux si ça nous emmerde au passage. Eh bien si c’est comme ça, on va se remettre un petit coup de Ladies of the canyon. Elle l’aura bien mérité. Et nous aussi.