Michaeltolliverestvivant
Attention, arnaque. Contrairement à ce que le sous-titre du livre affirme, Michael Tolliver est vivant n’est pas le septième tome des Chroniques de San Francisco. Il s’agit plutôt d’un spin-off, dont le principal héros est l’un des personnages des chroniques.

Et c’est bien là le problème.

On avait quitté les héros des chroniques, Michael, Brian, Anna Madrigal, Mary-Ann et Mona dans les années 80. Confrontée aux épreuves de la vie, la bande avait fini par exploser. Qu’en reste-t-il 20 ans plus tard ? Pas grand chose. Mary-Ann a quasiment coupé les ponts avec tout le monde, Mona est morte, Brian a élevé sa fille seule, Anna Madrigal a déménagé pour un petit appartement. Reste Michael Tolliver.

Michael n’est pas mort du sida. Il a maintenant 55 ans et et il a trouvé un boyfriend de plus de 20 ans son cadet, Ben. Ces deux phrases suffisent à résumer l’intrigue. A longueur de pages, Michael, que Mary-Ann surnommait Mouse, ne cesse de s’extasier, avec une niaiserie confondante, sur cette merveille de la nature qui fait qu’un mec de 33 ans peut trouver un mec de 55 ans sexy. On est ravi pour eux, mais ça ne suffit pas à tenir un lecteur en haleine. Surtout quand le mec de 33 ans en question a l’épaisseur romanesque d’une feuille de la Pleïade – et la comparaison ne fait pas référence au contenu de ladite page.

On ne retrouve véritablement le souffle des chroniques que l’espace d’un seul instant : lorsque le groupe, ou ce qui en reste, se retrouve autour du lit d’hôpital de Mme Madrigal. Nous sommes alors au chapitre 27 et 281 très longues pages se sont écoulées. Le chapitre se termine 10 pages plus tard, page 291. On revient ensuite, pour les trois dernières pages du livre, sur Michael et Ben. Ben demande à Michael de l’emmener Barbary Lane, là où tous se sont rencontrés. Le lecteur aussi aurait bien aimé y revenir, Barbary Lane… et sur un peu plus de 10 pages.

De ce livre on ne retient finalement que le sentiment d’un immense gâchis. La mort de Mme Madrigal – que Maupin n’a même pas le courage de tuer – aurait constitué un sujet merveilleux pour le dernier tome des chroniques. L’occasion pour les personnages de se retrouver une dernière fois autour de celle qui les a réunis et de solder les comptes, avant de commencer une nouvelle vie, n’ayant plus rien à voir cette fois-ci avec les Chroniques de San Francisco. Un vrai drame familial pour un adieu en beauté. Mais ses anciens personnages, Maupin s’en moque comme de son premier cockring. Michael Tolliver est peut-être vivant, mais les Chroniques sont elles bel et bien mortes et enterrées.

On le constate une fois de plus : les spin-offs sont rarement une bonne idée.