Anybody walking?

Note d’intention:

«Anybody walking?», demande au micro le commentator d’un ball une fois qu’il a annoncé la catégorie. Qui se lance? Sans tarder, le compte à rebours commence: «10, 9, 8, 7…». Les spectateurs se tournent alors vers l’extrémité du floor, à l’exact opposé de la table des juges ; en coulisses, les houses finissent de préparer celui ou celle qui va devoir s’élancer avant que le commentator n’arrive à zéro et ne passe à la suite. Et puis, ça y est, il ou elle se jette dans la fosse aux lions pour convaincre les juges du talent avec lequel il ou elle exécute les pré-requis de sa catégorie. Dans la salle, le nom de sa house résonne, chanté par les autres kids, la mother, le father et certains spectateurs. Ou s’il/n’est pas dans une house, on entend «double O, double O», pour 007.

A partir de là, tout est possible. La salle peut manifester bruyamment son approbation, comme elle peut signifier son ennui. Les non-initiés à la culture ballroom et à ses nombreuses règles et nombreux codes auront parfois l’impression de ne rien comprendre. Et puis, est-ce un regard?, est-ce une entrée spectaculaire?, un enchaînement de mouvements audacieux?, un dip bien placé? La salle s’enflamme et les profanes n’ont jamais rien vu de tel. Pour la personne sur le floor, c’est une consécration. Comme si tous les efforts, toutes les difficultés, tous les rejets parfois, toutes les joies souvent, convergeaient en cet instant fugace où votre communauté reconnaît votre valeur. La valeur de celui ou celle qui vient de faire honneur à la culture ballroom. La valeur de celui ou celle qui a eu la force et le courage de se lancer lorsque le commentator a lancé à la foule «Anybody walking?».

La culture voguing est née à la fin des années 70 à New York, créée par des femmes trans noires et latinx. Elle se structure autour des événements qu’on appelle des « balls » — lieux d’expression et de créativité, auxquels participent les « houses ». Le film « Paris is burning » (1990) lui a donné une visibilité mondiale, suivi par Madonna et son titre « Vogue ». Cela fait maintenant une dizaine d’années que la scène s’est implantée à Paris, sous l’impulsion des Mothers Lasseindra Ninja et Nikki Mizrahi, avec l’aide de quelques autres. 

Le journaliste et photographe Xavier Héraud suit la scène française depuis plus de quatre ans. Avec l’exposition « Anybody Walking? », il retrace un ball du début à la fin: sa préparation, son défilé des différentes catégories, ses battles, ses moments marquants. Ce faisant il rend hommage à ce lieu d’expression et de créativité où se confrontent l’individuel et le collectif et où, grâce à la communauté, le fait minoritaire devient source d’empowerement. 

Note personnelle: 

J’ai assisté à mon premier ball fin 2014. L’énergie de l’événement, la photogénie des participants et l’envie de découvrir comment tout cela fonctionnait m’ont immédiatement happé. Quatre années, des dizaines de balls et des milliers de clichés plus tard, j’ai eu envie de rendre à la communauté voguing un peu de ce qu’elle m’a donné.

En effectuant des recherches pour ce projet d’exposition, j’ai pu mesurer combien mon regard et ma technique avaient évolué au fil du temps. Je commençais à peine la photo à l’époque. La communauté voguing m’a permis de pratiquer et de perfectionner la photo, aux balls mais aussi en dehors, pour des séances de portraits. C’est ensuite mon approche qui s’est transformée. D’abord journalistique, puis communautaire et depuis que j’ai rejoint une house, elle s’est faite plus intime. Pour employer une métaphore photographique: partie du grand angle, ma focale s’est peu à peu resserrée. En ce sens, ces clichés témoignent aussi de mon propre voyage au sein de cette culture passionnante. De Xavier Héraud à Xavier Ebony. Mon ball personnel, en quelque sorte. Alors, « anybody walking? »

Infos: 

« Anybody Walking? » – Une exposition de Xavier Héraud

Mairie du Xème arrondissement de Paris, 72 rue du faubourg Saint-Martin, 75010 Paris.

Du 11 juin au 6 juillet, aux horaires de la mairie. Vernissage: 19 juin, à partir de 19h. Entrée libre.

Tirages Fine Art: 10 clichés 60×90 cm. 25 clichés 30×40 cm.

Presse: 

Komitid:

https://www.komitid.fr/2019/06/18/xavier-heraud-jai-eu-comme-la-sensation-dun-coup-de-foudre-lors-de-mon-premier-ball/

Chriss Lag:

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