Voici un concert exceptionnel à tous points de vue. Le cast est, selon le terme consacré, «stellar». Liza Minnelli, Betty Buckley, Bernadette Peters, Patti LuPone, Glenn Close, le gotha des divas a répondu présent pour ce concert de charité au profit de la lutte contre le sida. Côté hommes, le casting est moins impressionnant, mais rien à dire côté efficacité (j’aime beaucoup Victor Garber, notamment). La set-list fait dans l’artillerie lourde et pioche dans toutes les œuvres de Sondheim – uniquement celles dont il a composé musique et paroles – de A funny thing happened on the way to the forum à Assassins, alors sa dernière œuvre en date (depuis il y a eu Passion et Bounce). Rien de Gypsy (musique Jules Styne) ou West Side Story (musique Bernstein), donc. Ce qui fait la qualité de ce concert, c’est l’intelligence de l’interprétation. Certains titres sont exécutés de manière classique mais efficace (le définitif Send in the clowns par Glenn Close), d’autres sont réinventés, ou même combinés (le dément Losing my mind / You could drive a person crazy, par Dorothy Loudon, l’un des meilleurs moments, sans conteste). Le maître fait même une apparition à la fin du concert, alors que Liza chante Old Friends. Il évoque Carnegie Hall, «The Cathedral» et introduit la dernière chanson de la soirée, Sunday, tirée de Sunday in the Park with George. Seule fausse note de la soirée, la présentation pachydermique de Bill Irwin.
Il existe un DVD de ce concert. Ce dernier est malheureusement un «highlights». Seul le CD offre une set-list complète. Il vaut malgré tout largement le détour. Il manque finalement assez peu de numéros. Et l’aspect visuel apporte énormément, que ce soit pour la gestuelle hilarante de Dorothy Loudon, Madeline Kahn en robe de mariée ou la chorégraphie d’une Liza encore en pleine forme.