C’est l’un de ces groupes que beaucoup ne pensaient jamais voir en concert. Il suffisait d’être patient, voilà tout. Onze ans après leur deuxième album studio le groupe anglais venait ce soir (et demain) présenter Third au Zénith de Paris.

La première partie nullissime n’aura pas réussi à gâcher l’enthousiasme du public, qui a réservé une première ovation à l’arrivée du groupe, et une deuxième quand, quelques dizaines de secondes plus tard, Beth Gibbons s’est tournée face à la salle.

Le concert débute avec deux chansons du dernier album. Puis, les premières notes de Mysterons (sur Dummy) retentissent et le public laisse exploser une joie mêlée de soulagement : ils vont faire les anciens morceaux. Et dieu que c’est bon d’entendre ces chansons toutes ces années après. Les extraits de Third tiennent complètement la route, défendus avec ardeur par le trio Barrow-Gibbons-Utley (ce dernier semble avoir eu des problèmes de pédale), accompagnés de trois musiciens. Et le live constitue indéniablement une valeur ajoutée, à l’image de l’excellent Magic Doors, presque feutré sur disque, qui prend toute son ampleur sur scène.

Au rayon classiques, Glory Box et un faux départ (un musicien s’est trompé dans la set list) de Roads remportent la palme à l’applaudimètre. Cette dernière, jouée en rappel, constituait sans doute le moment le plus fort d’un concert très dense. Les premiers accords ont imposé un silence quasi-religieux au Zénith – ce qui n’est pas une mince affaire. Et quelle chanson incroyable…

Recroquevillée sur son micro, Beth Gibbons a été impériale de bout en bout. Que dire d’autre ?  Exceptionnelle en général, impressionnante en particulier  sur un morceau comme Wandering Star. Sirotant sa pinte entre deux morceaux, souriante, la timide chanteuse s’est même permise à la fin du concert de descendre dans la fosse et d’aller serrer les mains à toute la première rangée, devant un public médusé.

L’attente en valait la peine.