Androgyny, vendredi 22 septembre
Androgyny fait sa rentrée. Vendredi 22 à partir de minuit au Pulp, boulevard Poissonnière, avec du beau monde, comme d’hab’.
Androgyny fait sa rentrée. Vendredi 22 à partir de minuit au Pulp, boulevard Poissonnière, avec du beau monde, comme d’hab’.
River, de Joni Mitchell a été reprise des dizaines de fois, aussi bien par Renée Fleming que Madeleine Peyroux, en passant par les Indigo Girls. C’est la version de ces dernières que je compare aujourd’hui à l’originale. Dans l’intro de River, on peut reconnaître les notes d’intro de Jingles Bells. River est complainte de noël. Deux thèmes s’en dégage. La mélancolie causée par une séparation amoureuse, tout d’abord. Joni est à l’époque entre deux relations et la transition entre les deux est difficile. Ensuite, émigrée californienne, elle a la nostalgie de son pays, le Canada, déjà évoqué dans une autre chanson de l’album, A case of you ("I drew a map of Canada / Oh Canada…"). Tout cela en fait sans doute la plus triste chanson de Noël jamais écrite.
Joni interprète cette chanson au piano, qui n’est pas son instrument de prédilection mais dont elle tire magnifiquement parti. Emily Saliers, des Indigo Girls, qui interprète seule la chanson dans le live 1200 Curfews, adapte la mélodie à la guitare. Sa version n’a certes pas la force mélancolique de celle de Joni, mais elle fait justice à la chanson en la chantant comme une ballade folk intemporelle. A noter aussi, un petit changement de paroles. Joni chante "I wish I had a river so long…", Emily le transforme en "I wish I had a river so wild…" ; les deux concluent en tout cas "I would teach my feet to fly". Ces quelques détails mis à part, les deux sont finalement assez proches, et vu la beauté de la chanson, il n’y a pas lieu de s’en plaindre. Et après, promis, j’arrête de parler de Joni.
La version de Joni Mitchell, sur Blue, 1971.
Celle des Indigo Girls, sur 1200 Curfews, 1995.
J’ai évoqué à de nombreuses reprises ici l’une de mes chansons préférées, A case of you de Joni Mitchell. Elle a été reprises maintes fois et l’une de mes versions préférées est celle de Diana Krall, sur son Live in Paris ou lors d’un All Star Tribute to Joni Mitchell télévisé. La vidéo de cette dernière a enfin été chargée sur Youtube. La voici.
Décidément, on trouve bien des perles grâce au peer to peer. Dernier exemple en date, le Live at Winter Garden, de Liza Minnelli. Ce dernier n’a jamais été édité en CD. Et les vinyls sont quasi impossibles à trouver, du moins de ce côté-ci de l’Atlantique. Ce live date de 1974. Liza est encore auréolée du succès de Cabaret et de Liza with a Z ; l’année suivante elle fera un remplacement remarqué lors de la création de Chicago. Elle est donc à son meilleur niveau et il est assez réconfortant d’entendre un autre disque témoigner de cette époque et de ce talent immense. Le répertoire qu’elle interprète est particulièrement intéressant et j’avoue que j’aurais bien aimé disposer du livret pour connaître tous les crédits. On peut en tout cas reconnaître le style d’Ebb & Kander dans Exactly like me, sorte de suite à Liza with a Z. Il y a (au moins ?) deux titres d’Aznavour, un habituel, Le Temps (There is a time) et un titre que je ne connaissais même pas dans sa version originale And I in my chair (Et moi dans mon coin). L’interprétation de ce dernier est particulièrement excellente et à peine terminée il est salué comme il se doit par des "bravo !" enthousiastes. Il y a aussi un titre de Flora, the red menace, le show pour
lequel elle a reçu son premier Tony. Et pour le reste, à part Cabaret
et I can see clearly now (deux titres qu’elle chante toujours aujourd’hui), je sèche un peu… Incontestablement l’un des tous meilleurs disques de Liza. Alors que le live à Radio City Hall de 1993 s’apprête à sortir en DVD, on ne peut qu’espérer que ce live là, bien meilleur, soit lui aussi réédité prochainement.
Kristin Chenoweth est l’une des stars montantes de Broadway. Elle a obtenu un Tony pour son rôle dans le revival de You’re a good man Charlie Brown et elle a été nominée pour son interprétation de Glinda dans Wicked (Tony qu’elle a perdu au profit de la formidable Idina Menzel, qui tenait le second rôle principal également dans Wicked). Elle a sorti deux albums, Let yourself go, consacré à des standards de comédies musicales relativement méconnues et As I am, qui fait l’objet de cette note, consacré à… la musique chrétienne (je m’en suis aperçu après coup). Malgré des propos publics très gay-friendly, Kristin est profondément chrétienne et malheureusement, elle a tenu à nous le faire partager via un disque. Je dis malheureusement car ce cd est affreux. Affreux, affreux, affreux. Je n’étais déjà pas très fan de ses chansons dans Wicked, mais ne les ayant pas vues en contexte, je réservais mon jugement. Kristin sait chanter, on ne peut pas lui enlever ça. Mais alors ce choix de chansons… A part sa reprise de Wayfaring stranger, il y a peu de choses à sauver. Même topo pour les arrangements et l’interprétation, à faire passer Célion Dion pour Iron Maiden. Bref, je préfère encore Mlle Chenoweth lorsqu’elle chante (une version raccourcie de) Glitter and be gay.
Rions un peu avec l’inéffable album disco d’Ethel Merman, le bien nommé Ethel Merman Disco Album, sorti en 1979. Voici une page qui y est consacrée. Vous pourrez y écouter deux mp3, dont cette version absolument hilarante de There’s no business like show business. Si jamais ça vous tente, il est en vente sur amazon ! L’album de Liza avec les Pet Shop Boys (et sa reprise disco de Losing my mind), à côté, c’est du Verdi.Et pour rire encore un peu, quelques citations de celle que Sondheim surnommait peu affectueusement le "talking dog". Ce n’est pas du Bette Davis, mais il y a quelques perles.
"I was born in my parents’ bedroom on January 16. The
World Almanac says it was 1909. I say it was 1912. But what difference
does it make as long as I feel 33?"
Il y a peu de soirées pendant l’été. Autant ne pas les rater. Prenez Androgyny par exemple. La prochaine aura lieu vendredi 28 juillet au Pulp. Après son premier set très remarqué il y a quelques mois, le sémillant Freaky Doll est de retour. Il sera rejoint par le duo Puff Royal. Les DJs habituels de la soirée viendront compléter cette fine équipe. Votre serviteur sera de la partie, il va sans dire. En tant que simple clubber. Et vous ?
Mon intention initiale était de comparer la version de Stephanie Says du Velvet Underground à celle de Lady and Bird, alias Keren Ann et Bardi Johannson. Je n’avais pas écouté celle du Velvet depuis un moment et il s’est avéré que les deux versions sont finalement trop proches pour qu’un comparatif soit véritablement intéressant. J’ai préféré une démarche un peu différente. Stephanie Says figure sur VU, l’album en quelque sorte posthume du Velvet, sorti en 1985, mais qui a été composé à la fin des années 60. Plusieurs chansons de l’album ont été insérées dans des disques de Lou Reed sous des formes plus ou moins retravaillées. Que pouvait-il faire avec Stephanie Says, chanson déjà sublime ? Un titre encore plus sublime évidemment : Caroline Says II, qui figure sur Berlin. Il y a peu d’exemple dans l’histoire du rock de chanson réécrite par son auteur qui donne au final deux titres quasi-distincts et tout aussi merveilleux l’un que l’autre. La différence entre les deux, outre le changement de prénom (Berlin raconte l’histoire de Jim et Caroline), réside dans le changement de tempo, Caroline Says II est plus lent. Ce dernier est également un peu plus poignant, car il s’insère au milieu d’autres chansons sur la vie (tragique) de Jim et Caroline, drogués de Berlin. Dans un contexte, les chansons prennent tout de suite un autre sens. La voix de Lou Reed y est plus franchement désespérée, quand sur Stephanie Says elle a encore un certain détachement. Le point commun, c’est cette chute, magnifique "It’s so cold in Alaska". Deux bijoux pour le prix d’un.
Stephanie Says, tirée de VU, 1985
Caroline Says II, sur Berlin, 1973
Cela fait un mois que la nouvelle est publique. Je viens seulement de m’en apercevoir, car bien sûr, personne ne m’avait prévenu. ani difranco va sortir un nouvel album. Sortie prévue pour le 8 août. Le recueil de chansons, qui doit être son 15 ou 16ème (flemme de compter, là tout de suite), s’intitulera Reprieve (sursis, en anglais). L’enregistrement a commencé à la Nouvelle Orléans en 2005. Katrina est passée par là et les musiciens ont dû finir leur boulot dans la ville d’ani, à Buffalo, NY. Le site de Righteous Babe, la maison de disque de la petite chanteuse de folk a mis en ligne une page de présentation de l’album (à consulter ici). Et il y a même un premier titre en écoute, Hypnotized (à écouter là), plutôt réussi, à première écoute et un autre en vidéo, Half-assed (voir ici), très joli également. Dieu que c’est bon d’entendre ani à nouveau. Reprieve sera-t-il aussi réussi que Knuckle down ? Hypnotized et Half-assed autorisent à penser que les errements de Evolve et Educated Guess – ses deux prédecesseurs – sont derrière nous.
Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan. Je suis fan.
Lançons nous dans l’exercice le plus inutile et donc le plus indispensable de la critique artistique : la comparaison entre l’original et la copie, ou la reprise, pour employer le terme musical. C’est Leonard Cohen qui va essuyer les plâtres de I’ll cover you, cette nouvelle rubrique de Folk Furieuse. J’aurais pu choisir Hallelujah, sa chanson sans doute la plus reprise – et pas que par des casserolles, mais cela aurait un poil trop facile. Voici donc l’originale d’une autre chanson incroyable, Dance me to the end of love, et sa reprise par la singulière Madeleine Peyroux. Comme souvent, les paroles de Cohen sont de toute beauté. Il suffit d’écouter les vers : "Dance me to your beauty with a burning violin" ou "Touch me with your naked hand or touch me with your glove / Dance me to the end of love". Le problème avec Leonard, c’est qu’à partir des années 80, les arrangements de ses chansons sont vraiment pourris. Ecoutez donc la pitoyable boîte à rythme sur la version originale ci-dessous. Autre défaut du monsieur, il a tendance à abuser des backing vocals féminins. Cela peut donner des choses magnifiques, je pense à Famous Blue Raincoat ou à Hallelujah, mais sur Dance me to end of love, les lala du début sont un peu too much, de mon point de vue.
La version de Madeleine Peyroux se passe presque de commentaire. Arrangements jazzy, voix incroyable, on a parfois l’impression d’entendre Ella Fitzgerald, mâtinée d’une jeune Billie Holliday, reprendre du Leonard Cohen. Il y a plus désagréable.
La version de Cohen, tirée de Various Positions, 1984
Celle de Madeleine Peyroux, sur Careless Love, 2004
Ne manquez pas la prochaine Androgyny, le 9 juin au Pulp. Avec comme invités Warhloswig, qui a réalisé tous les derniers flyers de la soirée et Enola G., l’ancien (?) bloggeur Nothing. Tous les détails sont sur le blog de la soirée. Contrairement à la dernière fois, je n’y serai pas, puisque je pars à l’étranger pour quelques jours. Ce blog ne sera donc pas tenu à jour d’ici mi juin. Je vais rater la finale de la Nouvelle Star, pour laquelle je pronostique, soyons fous, la victoire de Dominique – si elle chante bien ce soir là. Bonne semaine.
Joli coup de la soirée Androgyny qui a réussi à s’assurer les services du bassiste/guitariste de Placebo, Stefan Olsdal ce vendredi 19 mai au Pulp. Olsdal y mixera avec son comparse David Amen, les deux formant un duo du nom de Hotel Persona. Et pour une fois, je serai de la partie. Un conseil : arrivez tôt, les placeboheads ayant prévu de venir en masse.
Il y a des moments comme ça. Pas envie d’écouter de nouvelles choses, de nouveaux artistes, de nouveaux groupes. Juste le besoin de revenir vers les classiques. C’est plus rassurant sans doute. Je me fais donc une cure d’ani difranco et Joni Mitchell. Ce qui me permet au passage de rappeler à la jeune fille qui trouvait dans un commentaire que mon blog n’avait rien de folk que celui-ci est né avec ces deux artistes là, dont j’ai parlé en long en large et en travers. J’ai rajouté un beau morceau de Joni dans ma radio.blog, tiré de son plus bel album, Blue. Il s’agit de California. Joni parle de ses voyages et de son besoin, toujours, de revenir vers cet endroit qu’elle appelle « home ». Elle est née au Canada, mais c’est ce lieu qui est devenu son chez elle.
Voilà une compil intéressante. Forever young, gifted and black se penche sur le combat pour les civil rights de Nina Simone. Le titre fait référence à une célèbre chanson de l’auteure-interprète, To be young, gifted and black, présente dans la compilation à deux reprises, l’originales, puis une version live. Figurent également l’intégrale de Why ? (The king of love is dead), chanson écrite à la mort de Martin Luther King, une version blues incroyable de Revolutions des Beatles, Turn ! Turn ! Turn !, Mississipi Goddam, écrite en réaction à des actes meurtiers racistes dans le sud, la reprise de Dylan The Times they are a-changin’, et quelques autres. Dans le livret, Alicia Keys y va de son hommage ému et dithyrambique. On la comprend. Peu de chanteuses peuvent naviguer ainsi entre blues, gospel, rythm and blues, entre le politique et les chansons d’amour (non présentes dans cette compil), les reprises extraordinaires et les compos maginifiques. Lorsque par ailleurs on la qualifiait de chanteuse jazz, elle répondait, impériale : « Jazz is a white term to define Black people. My music is black classical music. » La grande classe. Forever, en effet.
Pourquoi tout ce que chante Barbra Streisand se transforme-t-il en guimauve ? Son Broadway, sorti en 1985, album en est un bel exemple. Ce n’est pas seulement la production très très datée qui pose problème (même si…), mais c’est la manière dont elle chante, dont elle arrondi tout. Pourtant, il n’y a rien à redire sur la sélection : Sondheim, Bernstein, Rodgers et Hammerstein, Gershwin : que du béton. Sondheim a même modifié pour elle les paroles de Send in the clowns, qu’elle ne trouvait pas assez explicites. Mais au final, il n’y a pas grand chose à sauver. Seul son medley Pretty Women / The Ladies who lunch (Sondheim) est parvenu à me faire dresser l’oreille. La manière dont elle prononce le "I’ll drink to that" est assez démente. En dehors de ça, et peut-être du Not while I’m around, encore de Sondheim, Barbra s’écoute malheureusement un peu trop chanter.