« I’ll cover you » : Dance me to the end of love
Lançons nous dans l’exercice le plus inutile et donc le plus indispensable de la critique artistique : la comparaison entre l’original et la copie, ou la reprise, pour employer le terme musical. C’est Leonard Cohen qui va essuyer les plâtres de I’ll cover you, cette nouvelle rubrique de Folk Furieuse. J’aurais pu choisir Hallelujah, sa chanson sans doute la plus reprise – et pas que par des casserolles, mais cela aurait un poil trop facile. Voici donc l’originale d’une autre chanson incroyable, Dance me to the end of love, et sa reprise par la singulière Madeleine Peyroux. Comme souvent, les paroles de Cohen sont de toute beauté. Il suffit d’écouter les vers : "Dance me to your beauty with a burning violin" ou "Touch me with your naked hand or touch me with your glove / Dance me to the end of love". Le problème avec Leonard, c’est qu’à partir des années 80, les arrangements de ses chansons sont vraiment pourris. Ecoutez donc la pitoyable boîte à rythme sur la version originale ci-dessous. Autre défaut du monsieur, il a tendance à abuser des backing vocals féminins. Cela peut donner des choses magnifiques, je pense à Famous Blue Raincoat ou à Hallelujah, mais sur Dance me to end of love, les lala du début sont un peu too much, de mon point de vue.
La version de Madeleine Peyroux se passe presque de commentaire. Arrangements jazzy, voix incroyable, on a parfois l’impression d’entendre Ella Fitzgerald, mâtinée d’une jeune Billie Holliday, reprendre du Leonard Cohen. Il y a plus désagréable.
La version de Cohen, tirée de Various Positions, 1984
Celle de Madeleine Peyroux, sur Careless Love, 2004
ah la bonne idée !!! passionnant 🙂
Alors la j’aurai pas dit mieux.. ça fait tout pareil chez moi (notamment sur les 2 bemols accordés à notre autre ami canadien). Pourtant j’me disais que j’etais peut etre biaisée parceque je connaissais la version de Madeleine avant celle de Leonard (c’est bizarre mais c’est comme ça). Et au debut je savais meme pas que c’etait une reprise pfff (alors que c’est tout le concept de l’album lol).
Léonard Cohen avait dit pour « I’m your man » de 1988 qu’il aimait le côté toc des synthés …
Ceci dit, on peut trouver une version sublime de « Dance me to the end of love » dans Cohen live de 1993.
Il est même passé chez Jools Holland avec et on trouve cette belle version en DVD parmis d’autres artistes.
Que c’est beau, « Dance me to the end of love »… Le commentaire de Laurent78 au sujet de l’intérêt de Cohen pour le son un peu déglingué de la boîte à rythmes m’a beaucoup intéressé, puisque c’est justement cette ambiance mélancolique de fête foraine oubliée, avec la voix de tout sauf de chanteur, qui me touche dans cette chanson.
C’est d’ailleurs peut-être ça aussi, ce goût de l’unique, imparfait, qui me laisse perplexe lorsqu’on me fait écouter Madeleine Peyroux ; c’est très agréable, mais je préfère écouter Billie Holiday plutôt qu’un chanteuse qui me fait impeccablement penser à elle.
J’aime beaucoup votre blog – et aussi beaucoup les arrangements overpourris de Leonard Cohen, qui effectivement a l’air de trimbaler un synthé pourri des années 80.
Dance me to the end of love est un bel hymne, je suis très croyante mais l’Eglise étant ce qu’elle est devenue (un richissime glaçon sans esthétisme) on est obligé d’écouter Lou Reed ou KD LANG ou Leonard Cohen pour réussir à prier.